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 Vers les ténèbres

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Mao Yu Wei

Mao Yu Wei


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MessageSujet: Vers les ténèbres   Vers les ténèbres Icon_minitimeSam 12 Sep - 2:08

Mao quitta la zone de Coyote avec appréhension. Il regrettait déjà la sécurité relative de son chez-lui, malgré les carreaux brisés qui laissaient entrer les bruits de l'infamie du dehors, cris mêlés des vendeurs en tout genre, appel langoureux des femmes vendant leur corps, aboiements de chiens faméliques, explosion d'une rixe... En dépit de cette confusion pas seulement apparente, les abords de son appartement représentaient pour Mao un refuge au milieu des bas quartiers. Il avait un arrangement avec le gang qui tenait ces ruelles puantes sous son joug: il connaissait leur boss de longue date. Bien sûr, cela n'excluait pas d'être victime d'une balle perdue ou d'un fou furieux affamé, mais la majeure partie des voyous du coin savaient que mieux valait ne pas toucher au protégé de Coyote qu'on appelait l'Écrivain.

Ces conditions favorables expliquaient pourquoi Mao évitait d'ordinaire de risquer sa vie en sortant du territoire malheureusement limité de cette bande, excepté pour gagner des quartiers d'un standing plus élevé. Seulement cette fois-ci il n'avait pas le choix. Il était coincé, au bout du rouleau. Il n'avait plus d'argent. Même pas de quoi se payer un bout de pain. Par le passé, il avait fait attention à toujours garder un petit fond de commerce, justement pour éviter cette situation désespérée. Mais l'année avait été mauvaise, comme aucune avant elle. Quelqu'un avait peut être conspiré contre lui au sein de la rédaction de l'Avenir, il n'imaginait pas d'autre explication, même s'il ne voyait ce qu'il avait fait pour mériter pareil traitement. Plusieurs de ses sujets avaient été refusés, à la suite de quoi on ne lui avait plus passé commande. Un ridicule article sur la multiplication des rats qui l'avait nourri pour trois pauvres jours, c'est tout ce qu'il avait réussi à publier. Il n'avait plus eu le choix: il avait emprunté au Coyote, puis emprunté encore, voyant l'étau se resserrer autour de lui comme il se débattait, tentant de trouver du travail, n'importe quel travail... Mais ses compétences ne semblaient plus requises nulle part.

Avant que les liquidités de son dernier emprunt ne se soient totalement dissipées, il avait pris la décision de les dépenser pour se rendre jusqu'à la Troisième Branche, où se trouvait l'immeuble encore occupé par la direction du journal. C'était sa dernière chance, et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il tenterait ensuite: le suicide ou la rue? Les deux solutions équivaudraient certainement à sa mort, à plus ou moins court terme... Il était donc prêt à supplier son rédacteur en chef, à camper sur place ou à entamer une grève de la faim, n'importe quoi pour l'amadouer et qu'il lui donne enfin quelque chose à écrire! Il devait bien y avoir dans toutes ces pages de maquette un petit encadré pour lui... Mais à sa grande surprise, il n'avait rien eu à faire de tout cela. Comme si ce qu'on lui refusait depuis si longtemps n'était qu'une commodité, le grand moustachu qui lui servait de supérieur lui avait directement proposé un article. Plus qu'un article, même: un reportage. Ce serait une rubrique à part entière, qu'on retrouverait sur plusieurs numéros. Une sorte de chronique sur la vie des bas-quartiers...
"C'est pour ça que j'ai tout de suite pensé à toi" grinça le rédacteur en chef. Mao ne releva pas le mépris implicite. Il avait l'habitude, et puis il était trop content que la chance lui sourit enfin pour risquer de tout gâcher par une protestation inutile.

Le problème était qu'enquêter dans la basse-ville était plus que périlleux. Cela pouvait s'arranger avec de l'argent ; malheureusement, Mao n'en possédait plus. Il avait revus quelques informateurs, des contacts qu'il s'était fait par-ci par-là, mais nombreux étaient ceux qui ne l'appréciaient guère et se faisaient un plaisir de le voir en si mauvaise posture. Même Coyote avait refusé avec un certain regret dans la voix. Mao n'avait pas pu voir ses yeux, cachés comme toujours par les absurdes lunettes de soleil qu'il portait en ce monde souterrain. Il y avait un tel gouffre entre ce type et le jeune homme qu'il avait connu... Pour diriger des loups, se conduire en loup. Coyote avait adopté ce pseudonyme et ces mœurs en même temps, introduisant dedans une note de traitrise qui lui avait sans doute valu de conserver la direction du clan durant toutes ces années. Il interprétait sans cesse un personnage imprévisible, tantôt joueur tantôt intraitable, la cruauté affleurant toujours en surface de son caractère insondable.

Mao l'avait connu avant qu'il ne devienne ainsi. Il se demandait ce qu'il pouvait bien apporter à son groupe de malfaiteurs: certes, il rédigeait de temps à autre une lettre d'amour ou une demande de rançon... Mais il pensait que Coyote le gardait auprès de lui comme un témoin de ce qu'il avait été. Un jour, pour la même raison, il le liquiderait peut être... En attendant, leur association avait été des plus utiles, mais elle avait atteint aujourd'hui ses limites.
Il était déjà bien trop endetté, et Coyote lui avait fait comprendre qu'il aurait déjà dû prendre des mesures. Mao savait bien ce qu'il entendait par là. On tabassait le malheureux, on le menaçait de représailles s'il ne rendait pas l'argent. La victime en était réduite à voler ou tapiner pour tenter de regrouper une telle somme, mais celle ci était trop importante et il fallait réemprunter avant d'avoir fini de rembourser... On tombait dans le cercle vicieux qui fournissait aux mafieux leurs revenus et les produits de leur trafics. Car ils étaient derrière les voleurs, les dealers, les mendiants, les maquereaux... Leur réseau était partout.
Ce réseau qui lui avait été si utile pour trouver des informations était désormais hors de sa portée.
"Le business est le business..."
avait dit Coyote en matière d'excuses.
Il également avait refusé de lui prêter davantage, malgré les assurances de Mao de le rembourser promptement maintenant qu'il avait du travail. C'était désespérant d'échouer si prêt du but... Sans argent, pas d'infos, sans infos, pas d'article.

Il quittait la pièce surchargée de décorations trop voyantes, qui dissimulaient à grand peine le délabrement général, quand le Coyote le rappela.
"Yu-Wei!"

Mao sursauta, stupéfait que le caïd l'appelle par son prénom et signale ainsi aux quelques gardes qu'ils se connaissaient bien. D'ordinaire, c'était l'Écrivain, point barre.

"J'ai entendu parler d'un type qui pourrait faire ton affaire. C'est un drogué, une vraie loque humaine..."

Il s'interrompit pour un ricanement mauvais qui s'acheva en toux rauque. Mao se demandait où il voulait en venir.
"Il n'est rattaché à personne en particulier. Il traîne un peu partout, surtout dans les coins les plus craignos... Ah et j'oubliais: il est aveugle."
A ce stade, Mao cru vraiment qu'il se foutait de sa gueule. Mais le Coyote repris, avec un sourire en coin qui semblait démentir ses paroles :
"Ne me regarde pas comme ça, je suis sérieux! Personne ne se méfie vraiment de lui. Et s'il ne voit pas, il entend beaucoup de choses... Et pour ce qui t'intéresse, il ne prend pas d'argent. Qui sait ce qu'il peut exiger en payement de ses services... Il parait que parfois, c'est gratuit..."

Ayant appris où il avait le plus de chances de le rencontrer, Mao remercia Coyote et prit congé. Il n'aimait pas l'amusement qui perçait dans son ton. Ça sentait le coup foireux: le personnage, le lieu... Mais il n'avait pas le choix.

C'est pourquoi il se retrouvait désormais dans des coupe-gorges inconnus, rasant les murs dans l'espoir dérisoire de passer inaperçu. Il avait mis sa tenue la plus miteuse pour bien montrer qu'il était pauvre et qu'il n'avait aucun butin à dérober. Mais comme tout le monde ici était pauvre, ça ne l'avançait pas beaucoup, et ça n'empêchait pas les voleurs de faire leur travail. Ce qu'il redoutait, c'était des brutes de racketteurs, qui risquaient de le tuer par dépit en s'apercevant du manque d'intérêt de leur cible. Ou une nuée de gamins armés prêts à le tabasser à mort. Ou encore... Bref, ce n'étaient pas les menaces qui manquaient, et il regrettait que son imagination très développée lui permette de se représenter très précisément tout ce qui risquait de lui arriver.

Par miracle, rien de tout cela n'eut lieu, et c'est intact quoi que les nerfs fortement mis à mal qu'il parvint aux blocs les plus excentrés.

Il y a peu de temps encore, cela constituait les limites de la banlieue. De mornes barres d'immeubles délabrées, en tout point semblables à d'autres constructions anonymes qui faisaient l'unité architecturale des blocs. Des pavés de béton conçus pour l'habitat de masse, qui avaient dégénérés au fil du temps en ghettos impitoyables.
Mais la proximité des ruines et les rumeurs macabres qui circulaient dernièrement avaient provoquées la désertion de ces lieux. Laissée à l'abandon, la frontière d'Amber n'était plus alimentée par le Générateur et il suffirait de quelques années pour que l'endroit soit considéré comme une partie des ruines.

Mao s'arrêta lorsqu'il parvint au dernier lampadaire encore éclairé. Blotti dans le pitoyable halo que la lumière dessinait sur le sol, il sonda l'obscurité qui s'étendait devant lui. Les silhouettes des immeubles formaient des masses plus sombres. Il distingua vaguement, à une dizaine de mètres, la carcasse d'un véhicule. En dehors de ça, c'était le néant. Il frissonna.

Les types qui trainaient dans un coin comme celui là devaient être de sacrés malades. Certes, les blocs à l'abandon offraient un squat facile... Mais ce lieu, cette absence de lumière... Cela représentait la fin du monde des hommes. Il n'avait décidément pas envie de croiser un habitué des lieux. C'était une bonne planque pour un sérial killer ou un fou de ce genre, ceux que même les mafias ne tolèrent pas chez elles...

A vrai dire, les humains, même les pires, étaient encore une peur acceptable. Il se concentrait de toutes ses forces sur celle-ci, pour ne pas penser aux autres... On parlait de monstres, de créatures de forme humaine, peuplant les ténèbres et dévorant les imprudents... Le gouvernement avait démenti, mettant cela sur le compte des croyances de la populace. Il n'y avait rien dans la périphérie d'Amber, et si disparitions il y avait eu, c'étaient de regrettables accidents dus à l'absence de lumière. Mao ne doutait pas que le gouvernement ait enquêté et tiré ces conclusions dans l'intérêt de tous. Cela semblait logique.

Mais la logique n'avait aucune part dans la terreur qui le saisissait à l'idée de s'aventurer plus loin dans l'obscurité. Est-ce que cela l'avancerait à quelque chose? Quelles étaient ses chances de trouver là un aveugle qui, disait-on, passait souvent dans le coin? Il savait bien que s'il ne réussissait pas, il ne tarderait pas à mourir. Son don pour la survie avait ses limites. Mais il ne voulait pas crever, tout seul, perdu dans le noir. Il disparaitrait en ces lieux effacés des mémoires et personne ne se rendrait compte de rien.

Il soupira, sortant un briquet de sa poche, et alluma une cigarette. Il avait toujours été doué pour le mélodrame. Dommage que ce soit passé de mode.

Il ne rangea pas le briquet. Il le brandit devant lui et, doucement, s'enfonça dans les ténèbres. La flamme hésitante éclairait à quelques mètres et faisait danser des ombres en périphérie, donnant à son environnement un aspect changeant. Le Coyote avait bien dit: tu devrais le chercher dans la zone des blocs qui se trouve près des ruines, hors de portée du Générateur... Il doit avoir sa planque dans le coin. Le silence était lourd, lourd comme les tonnes et les tonnes de pierres et de terre qui reposaient au dessus de sa tête. Il n'avait jamais eu autant le sentiment d'être en sous-sol.
Après une minute, il dû éteindre son briquet, la pierre devenant trop brûlante pour son pouce martyrisé. L'obscurité l'engloutit, épaisse comme de la poix. Il s'immobilisa, se sentant complètement vulnérable. Il tenta d'étouffer sa respiration. Après quelques instants, il ralluma la flamme, de l'autre main. Il songea que la réserve de gaz ne tiendrait pas longtemps.
Il ne croyait pas si bien dire, car la flamme mourut dans les minutes qui suivirent. Il étouffa un juron, une sensation glacée glissant dans ses entrailles. Il se retourna: le lampadaire avait disparu, caché par l'angle d'une rue. Ne sachant que faire, tentant de ne pas céder à la panique, il s'accroupit et ferma les yeux.
Quand il les rouvrit, ils s'étaient habitués à l'obscurité et il distinguait vaguement ce qui l'entourait. Une lumière crépusculaire se diffusait depuis le centre ville, écartant le voile des ténèbres qu'il redoutait tant. Légèrement rasséréné, il reprit sa route, n'osant pas appeler celui qu'il recherchait de peur d'attirer sur lui des intentions hostiles.

Il trébucha soudain sur quelque chose et s'effondra dessus. Il sentit une chair molle sous ses doigts, puis l'odeur pestilentielle frappa ses narines. Un corps. L'horreur hérissa tous les poils sur sa peau. Il recula précipitamment, à quatre pattes, écarquillant les yeux. C'était un animal. Il se calma un peu. Mais la terreur revint vite lorsqu'il l'observa mieux. Il s'agissait d'un chien, un de ces chiens errants, galeux, maigres et agressifs qui sillonnaient la basse-ville en meutes. L'animal avait été à moitié dépecé. Des lambeaux de sa peau couverte de pelage trainaient à droit à gauche. Le ventre était ouvert, mais des entrailles répandues, il ne restait qu'une traînée de sang séché.
Mao n'était d'ordinaire pas si sensible au cadavres animaux, mais l'état de celui ci et les circonstances de sa découverte lui retournèrent l'estomac. Il rendit son dernier repas en date et, reniflant, songea qu'il n'avait pas les moyens de s'en payer un nouveau.

Il se releva comme il pu et contourna les restes pour s'éloigner du carnage. Cela confirmait ses pires craintes. Il voyait à présent dans chaque ombre une créature prête à fondre sur lui. Les sanglots lui montaient à la gorge, mais il les réfréna de peur de dévoiler sa position. Il était perdu. La respiration hachée, c'est à peine s'il distinguait ce qu'il y avait devant lui.

Une silhouette pâle surgit des ténèbres. Il leva son briquet en un geste de défense. L'étincelle qui en jaillit se refléta dans une paire d'yeux blancs. Il poussa un cri perçant, tombant à la renverse.


Dernière édition par Mao Yu Wei le Lun 14 Sep - 18:37, édité 4 fois
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Buck A. Marazora

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MessageSujet: Re: Vers les ténèbres   Vers les ténèbres Icon_minitimeSam 12 Sep - 12:17

..:: Dans le silence le plus profond, là où le bruit de la société a été étouffé, le moindre son vrille les tympans comme un coup de tonnerre. Peut-être parce que les bâtiments évidés laissent résonner l'écho jusqu'au plafond lointain, peut-être parce que les seuls bruits qu'on peut entendre ici sont non-humains.
Plus personne ne venait risquer sa peau depuis longtemps dans les derniers blocs. Les ruines étaient trop proches, les dangers inconnus qu'elles recelaient trop présents. C'est pourquoi la population avait reculé, se tassant jusqu'à se piétiner plus haut, dans la Basse Ville. Le brouhaha, l'agitation qui s'en dégageait rendait cette partie de la ville d'autant moins attrayante. Mais ces blocs délaissés avaient instauré dans l'esprit de Buck un charme malsain ; une sensation de paix et de sérénité puisque plus personne ne venait y traîner à l'exception de ceux qui se disaient chasseurs des créatures des ruines, mais aussi ce léger bourdonnement qui accompagne tout silence, et ces odeurs enivrantes, plus développées dans ces lieux abandonnés.
Si Amber était un monde de bruits, la fin des blocs et les ruines étaient royaume de parfums en tous genres. Les odeurs se succédaient, se mélangeaient, suintant de toutes parts, à vous en faire suffoquer. Les arômes âcres du béton craquelé et des structures vacillantes côtoyaient les fragrances moites de la terre, des réserves d'eau cachées et de quelques charognes.

C'était l'effluve lointaine d'une de ces carcasses qui avait fait tourner la tête à l'aveugle, alors qu'il s'échinait à déloger un long scorpion noir de sous son abri de bitume. La bête avait alors filé entre ses doigts. Buck n'avait pas juré, n'avait pas bougé. Il savait qu'il était peine perdue de le poursuivre, l'animal s'était certainement déjà enfoui sous terre. Dans un soupir, le jeune homme se redressa et huma l'air qui l'entourait. Il ne s'était pas trop éloigné et savait parfaitement où il était. En tâtonnant le vide de sa main droite, il retrouva la barre de métal, fine et légère, qu'il avait ramassée en venant. Il n'était pas adepte des armes de ce gabarit, aussi l'objet ne devait lui servir qu'à éviter de trébucher sur d'éventuels obstacles qu'il n'aurait pas repérés à l'aller. Ses doigts se refermèrent sur la barre, Buck la soupesa un moment, tranquillement, puis se décida à faire demi-tour. Ses poches contenaient déjà trois scorpions et une vipère à moitié morte qu'il avait découvert sous un rocher, il se contenterait du peu pour les jours à venir.
La barre fermement tenue au bout de son bras ne touchait pas le sol ; ce faisant, Buck craignait qu'elle déclenchât des bruits parasites qui risquaient de cacher à son ouïe d'autres sons plus importants. C'est pourquoi l'aveugle stoppa sa marche rapidement, tendant l'oreille. Il lui avait semblé capter quelque chose de ténu, d'étouffé.

"Si c'est une de ces fameuses bestioles des ruines, je suis foutu" remarqua Buck en haussant un sourcil.

Mais il doutait d'avoir réellement affaire à l'une de ces créatures ; il en avait déjà entendu parfois - ou tout du moins se disait-il qu'il devait s'agir des mêmes monstruosités que chassaient les tueurs qu'il entendait parfois passer - et il savait que ce genre de bêtes ne prenaient pas la peine de cacher leur présence. Elles étaient bruyantes, puaient la mort et le sang coagulé à des kilomètres, et l'aveugle avait toujours pu rejoindre sa planque avant de se trouver en face de l'une d'elles.
Un nouveau chuintement bas ranima son attention. Quelle qu'elle soit la chose approchait. Ce pouvait être un animal, mais son pas hasardeux et hésitant dénotait une très nette difficulté à se repérer. Il s'agissait donc très certainement d'un humain, paumé ou suicidaire. Cette idée se confirma lorsqu'il entendit la chose en question trébucher, dissimuler quelques grognements visiblement effrayés, puis vomir avant de se redresser. Buck reprit sa marche pour s'approcher de l'étranger. Ce dernier dégageait une aura de peur presque palpable, et l'aveugle se demanda d'autant plus ce que cet homme pouvait avoir dans le crâne pour venir fouiner ici.
Un éclat brulant frappa son visage un instant, le faisant s'arrêter à nouveau, et un cri étouffé lui parvint alors que la source de chaleur disparaissait et que l'inconnu tombait à la renverse face à lui. Buck ne l'aida pas à se redresser et fronça les sourcils. Son attention s'était maintenant posée sur ce qui pourrissait à côté de l'étranger. L'aveugle se baissa pour détailler la carcasse du bout des doigts. Son odeur était forte, mais l'intérieur était encore tiède. Mais d'intérieur il ne restait pas grand chose, et Buck dut se résigner à se redresser en se grattant la nuque ; il n'y avait plus rien à manger là-dessus. Il essuya sa main souillée de sang sur son pantalon et se tourna à nouveau vers l'être qui était tombé à terre. Puis il hésita avant de demander :

- Tout va bien ? d'un ton on ne peut moins compatissant.

Si le type en question était un drogué en plein trip, le seul fait de lui avoir adressé la parole était un danger en soi, aussi l'aveugle se tint-il légèrement sur ses gardes, prêt à décocher un simple coup de barre entre les pattes de celui qui se tenait maintenant devant lui. ::..
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MessageSujet: Re: Vers les ténèbres   Vers les ténèbres Icon_minitimeLun 14 Sep - 18:34

Mao ramena ses membres contre lui et se recroquevilla, muscles bandés, prêt à bondir au moindre signe d'hostilité. Mais l'autre ne semblait pas s'intéresser à lui le moins du monde: ses premières attentions furent destinées à la carcasse pourrissante qui avait tant révulsé le jeune homme. L'intrus s'accroupit pour tâter la chair morte de ses doigts.
Rien qu'en repensant au contact involontaire qu'il avait eu avec le cadavre, un frisson électrisa son échine. Ce type, pourtant, fourrageait ça comme si de rien n'était... Comme si, réalisa Mao, cette chose puante constituait une source de nourriture potentielle. Un rictus de dégoût passa sur ses traits, il était bien trop affolé pour dissimuler ses émotions. Néanmoins, il se réjouit que ce nouveau venu préfère un chien décédé, même pourri jusqu'à la moelle, à un humain vivant bien plus appétissant...

Lorsque le charognard se tourna vers lui et l'apostropha, la voix grave lui confirma qu'il avait affaire à un humain. Passé le soulagement de faire face à quelqu'un de sa race, il lui revint rapidement en mémoire que ses semblables pouvaient être tout aussi dangereux. L'homme portait une barre de fer et semblait prêt à s'en servir. Les mots prononcés, quoi que sur un ton menaçant, démontraient néanmoins un restant de savoir-vivre, surprenant dans ce contexte hostile.

Mao se garda de bouger de peur de déclencher une attaque de l'inconnu. Il ne distinguait pas bien son visage dans l'ombre omniprésente, et ne pouvait pas y lire ses intentions. Il répondit avec circonspection la chose la plus banale qu'il pouvait dire. La banalité était un bon moyen d'entamer une conversation sans risque de déclencher l'agressivité... Quitte à passer pour un imbécile, ce qui était de toute manière probablement déjà fait.
"Ca va... Enfin, je crois..."

Il ne souffrait d'aucune blessure, mais pour le reste, il était en piteux état. L'autre n'avait surement posé cette question que pour la forme. Rien ne disait qu'il se montrerait prêt à l'aider à retrouver son chemin dans les ténèbres... Mais il devait essayer. Il n'avait rien à perdre...

A part si... Il se remémora le flash de lumière et la brève image qui s'était imprimée sur sa rétine. Deux yeux sans regard. Deux yeux blancs d'aveugle.
Presque complètement remis de sa frayeur, l'asiatique ne retint pas un sourire de déformer ses lèvres, un sourire nerveux mais parfaitement intéressé. Finalement, alors qu'il croyait toucher le désespoir, la chance tournait en sa faveur. Il avait eu une commande, et maintenant il tenait sa source. Il ne restait qu'à la saisir...

Il changea de stratégie: puisqu'il avait trouvé ce qu'il cherchait, il n'était plus perdu... Il se redressa lentement, mains levées en signe de paix, puis songea que l'autre ne le voyait pas. Parler restait donc le meilleur moyen d'atténuer sa méfiance.

"Je ne suis pas familier de ces parages, et de cette maudite obscurité! Cela dit sans vouloir vous offenser..."

Il y avait quelque chose qui le chiffonnait dans l'attitude de celui qu'il surnommait désormais intérieurement "le charognard". Quelque chose qui ne collait pas du tout à ce qu'il savait de lui. Il lui inspirait une aversion qu'il dissimulait hypocritement, mais pas seulement. Il sentait chez lui quelque chose de singulier, dans ses gestes, son parler... Une trace, étouffée par les impératifs de la survie et une bonne dose de drogue dans le sang. Il aurait juré que ce type venait d'une bonne famille, tout comme lui. C'est cette impression qui lui fit adopter un niveau de langage élevé, qu'il évitait en général. Le tout-venant s'offusquait facilement de ce qu'il prenait comme une marque de mépris, les supérieurs hiérarchiques l'appréciaient comme une forme de soumission... Mais en l'occurrence, il souhaitait surtout démontrer qu'il n'était pas un voyou ou un malappris...

"Je m'appelle Mao. Vous devez être... la Salamandre, n'est-ce pas? J'ai entendu parler de vous."


Il adopta un ton franc et assuré, espérant effacer un peu de son allure pitoyable du début. Mais il ne donna pas son prénom. Bien peu de personnes le connaissaient. Il ne voyait pas pourquoi ce type aurait voulu l'employer.
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Buck A. Marazora

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MessageSujet: Re: Vers les ténèbres   Vers les ténèbres Icon_minitimeDim 15 Nov - 17:52

..:: Buck resta silencieux un moment, observant au nez et à l’oreille l’étranger qui s’évertuait à se montrer respectueux envers lui. Une telle hypocrisie ne pouvait que faire rire, et l’aveugle décocha l’un de ses rictus cyniques distendu par la tension qui raidissait ses muscles. L’hypocrisie envers un maître était mère de toutes les règles, mais se trainer mielleusement devant un aveugle famélique ? Soit le jeune homme en avait après son cul, soit la folie lui pourrissait le cerveau au même titre que la carcasse sur laquelle il avait trébuché.

- Je m'appelle Mao. Vous devez être... la Salamandre, n'est-ce pas ? J'ai entendu parler de vous.

"La belle affaire…" songea Buck avec un ricanement intérieur qui se traduisit par un claquement de dents.

Mais peut-être n’aurait-il finalement pas à se méfier autant qu’il l’aurait cru du jeune imprudent. La Salamandre ? A part ses quelques connaissances il n’y avait que les femmes qui l’appelaient comme ça. Les femmes ou les idiots à la recherche d’un indic. Fallait-il que cet homme soit suffisamment timbré pour venir chercher ses renseignements jusque dans la fange des ruines d’Amber ?
Buck pencha la tête comme pour détailler le dénommé Mao. Une odeur pas désagréable. Le jeune homme devait faire l’effort d’un minimum d’hygiène. Il n’était pas difficile de deviner sur son visage les marques du dégoût que l’aveugle pouvait lui inspirer, nul besoin de rétine fonctionnelle pour cela. Mais son mépris, le jeune homme le cachait fort adroitement. C’était donc qu’il était peu habitué à traiter avec les gens de son espèce et, ne sachant comment s’y prendre, préférait se dissimuler sous une couche de fausseté suintante, à moins qu’il n’ait absolument besoin des services de Buck pour une raison qui échappait parfaitement à l’aveugle.

Il laissa ainsi passer de longues minutes, l’œil suspicieux, dents mises à nu, son corps tanguant nonchalamment comme sous l’effet d’une légère brise, avant de se décider enfin à répondre à l’étranger.

- C’est moi.

Cette simple réponse précéda un nouveau silence avant que Buck ne reprenne :

- Je ne connais pas encore tous les ragots qu’on bave sur mon dos, mais il me plairait grandement d’en entendre quelques-uns s’ils vous on poussé jusqu’à moi.

Il accompagna ses paroles d’un nouveau sourire ocre, réellement curieux de connaître les intensions de ce Mao. Il ne doutait pas non plus que l’autre devait ressentir un certain malaise à rester dans ce lieu obscure et inconnu – il avait lui-même avoué ne pas être familier des parages et de la noirceur du coin, mais sans vouloir guère l’offenser ! – et se délectait par avance de la tension effrayée qu’il lirait bientôt dans sa voix. Buck aimait sentir la peur. Ce sentiment faisait pour lui échos à la sensualité d’une peau frémissante ; l’odeur de la crainte était délicieuse. C’est pourquoi il laissa à l’étranger toute la liberté de s’exprimer, espérant avec avidité le voir lentement étouffé par la phobie qui planait autour de lui, lui permettant ainsi d’oublier, pendant ces quelques instants de divertissement, les maigres récoltes qui grouillaient dans ses poches. ::..
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MessageSujet: Re: Vers les ténèbres   Vers les ténèbres Icon_minitimeLun 30 Nov - 22:04

La lèvre supérieure de l'aveugle se retroussa, découvrant une dentition presque aussi sombre que les gencives. C'était une bouche rongée par les sucs, ravagée par les poisons, un gouffre répugnant. Cette vision stupéfia Mao d'horreur. Il ne pouvait détacher les yeux de ce sourire dépravé, moquerie d'un être déchu, antithèse de la joie. Il imaginait ses dents pourrir jusqu'à devenir semblable. Il secoua la tête.

Jamais il ne deviendrait comme lui. Jamais il ne se laisserait expulser hors de la société. Il s'accrocherait de toutes ses forces, il sacrifierait son âme s'il le fallait, mais il remonterait la pente.
Et ce sinistre individu était sur son chemin, il devait le convaincre, ou mourir.

Le charognard resta un long moment à se balancer d'avant en arrière, semblant peser ses paroles. Le silence autour d'eux s'obscurcit. Mao pouvait entendre le sang battre, rapide, dans ses tempes.
Malgré lui, il se tassa sur lui même. Il n'avait pas dit ce qu'il fallait... L'homme allait-il l'abandonner là, perdu, à la merci des créatures de l'ombre? Il lui semblait que la nuit se resserrait contre lui et lui cachait la figure de son interlocuteur, incertaine et vacillante. Les ténèbres l'oppressèrent, pesant sur sa poitrine, enfonçant sa cage thoracique.
Malgré lui, son souffle se fit plus court. Il ne supportait plus cet endroit, ni cette présence lugubre. Retourner sur ses pas, c'est tout ce qui venait à son esprit paniqué. Mais il n'y avait pas d'issue...

La voix rauque qui retentit soudain le fit sursauter. Il se reprit tant bien que mal: c'était donc lui, la Salamandre. L'ironie qui baignait ses quelques mots renforça son malaise. Le décalage entre sa propre conversation et la situation était évident, et pourtant... Il était bien forcé de ramper devant ce moins que rien, lui qui n'était pas grand chose, s'il voulait parvenir à ses fins.

Il répondit donc, tentant de faire preuve de davantage de franchise:
"On m'a dit de vous que vous étiez un drogué, un aveugle, et... un indépendant. Il parait que vous connaissez bien les bas-fonds d'Amber, et que vous entendez beaucoup de choses..."

Malgré ses efforts pour se contrôler, il ne put empêcher sa voix de sortir un peu plus aigu et chancelante qu'à l'ordinaire. Il était à bout de nerfs.
Cependant, il ne perdait pas de vue son objectif. Il en était certain, ce type était très intelligent, et d'extraction élevée, quoi que ce dernier point n'avait pas grand chose à voir avec leur affaire. Il ne douta donc pas que son allusion suffise à lui faire comprendre ce qu'il voulait.
Pourtant, il jugea utile de préciser, afin de montrer patte blanche:
"Je suis journaliste, et j'aurai besoin de vos services."
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Buck A. Marazora

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MessageSujet: Re: Vers les ténèbres   Vers les ténèbres Icon_minitimeJeu 23 Sep - 11:45

..:: Un journaliste... Gentil chien asservi aux autorités d'Amber et chargé de répandre la bonne parole de ces messieurs. Héraut de la vérité, la vraie, celle qui transforme le chômage en vacances et les bas-fonds en petit coin de paradis. Un journaliste qui venait le voir, lui, aveugle et drogué.
Buck fit crisser ses dents le temps d'un rictus. Comme il l'avait espéré, le jeune homme dévoilait dans ces quelques paroles toute la peur qui semblait le paralyser. Il le sentait avec certitude à présent ; ce garçon était dans une situation critique, il ne pouvait en être autrement.

- Mes services ?

L’aveugle tapota des doigts le métal de la barre de fer sur laquelle il s’appuyait maintenant avec nonchalance. Cela faisait bien plusieurs semaines, peut-être plusieurs mois qu’on ne l’avait plus interpelé en temps qu’indicateur – le temps passait différemment en dehors des rues d’Amber, et il n’était pas rare de confondre les mois et les semaines tant une simple journée de survie pouvait sembler longue.

- Comme vous avez pu vous en assurer je suis effectivement aveugle, drogué parfois. Mais rassurez-vous, toute l’attention dont je dispose vous est d’ors et déjà accordée. Travailler en indépendant n’est pas facile, mais c’est ce que j’ai choisi.

Buck s’était décidé. Dans son dos, il sentait déjà les ténèbres prendre vie. Ainsi, tous deux plantés à bavarder, ils ne tarderaient plus à se faire happer. Les choses rôdaient. Il pouvait sentir d’ici leur puanteur malgré les restes qui pourrissaient à ses pieds. Aveugle, drogué, rebut de la société, pourquoi pas ? Mais ces titres lui convenaient bien plus que celui de morceau de barbaque anonyme.
S’aventurant sur un nouveau sourire qui se voulait cette fois rassurant, l’aveugle reconcentra ses pensées sur le jeune journaliste.

- J’imagine que nous risquons de pas mal discuter. Vous savez, mes prix varient énormément en fonction des informations demandées. Ne préféreriez-vous pas continuer cette conversation à mon domicile ? Il doit me rester quelques bougies… pour les amis, vous savez ?

Buck accompagna ses propos d’un gloussement amusé. ::..
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ton job ? : Journaliste, pigiste
ça gaz ? : Pas franchement, je suis fauché!

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MessageSujet: Re: Vers les ténèbres   Vers les ténèbres Icon_minitimeDim 26 Sep - 11:37

L’aveugle s’accorda quelques instants de réflexion après la déclaration d’intention de Mao. La charogne régurgitait ses relents. Le sourire qui découvrait les chicots de l’indicateur n’avait rien d’engageant.
Le sang battait dans les tempes du journaliste, comprimé. Il savait que c’était sa dernière chance, qu’il jouait son va-tout. La réponse se fit attendre, puis finalement surgit, toujours sur ce ton décalé, poli mais suintant un arrière goût de moquerie. Il hocha inutilement la tête, moins pour marquer son approbation que pour inviter l’autre à poursuivre, la discussion se portant sur le boulot, sujet bien connu, aux contours nets, synonyme d’enquête, indics, écriture, tarifs…
Tarifs ?
L’homme aux cheveux blancs venait d’évoquer la question du prix de ses services. Ca n’avait rien d’anormal, mais Mao sentit la sueur imbiber le dos de son tee-shirt, parce que les circonstances, elles aussi, étaient exceptionnelles. Il n’avait plus de fric. Ce job ne serait-pas comme les autres. La sécurité n’était pas au programme. Un faux-pas et il perdait toutes ses chances.
Comme toujours, lorsque sa nervosité s’accrut, son sourire se renforça, et il refoula de force tout le doute bien au fond, là où il attendrait son heure. Ca irait. Il s’en était toujours sorti, la débrouillardise, il l’avait apprise sur le tas. Pour le moment, sourire, bluffer. Il avait besoin du charognard.
« Bien sûr, je vous suis. On sera forcément mieux installés qu’ici… »
Son rire aigrelet fit écho à celui de la Salamandre, comme sa voix avait repris une hauteur normale, celle du mensonge, celle de tous les jours… L’adaptabilité était son credo. Paraître toujours à son aise, même quand c’était faux. Même en jouant les funambules avec le trou tout en bas. Faire semblant. Après tout, ce qu’il pensait vraiment, qui s’en souciait ?
Il se demanda quel genre d’amis ce type pouvait bien avoir, et frissonna.
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