Pour un peu de bon temps... [privé Ed]

[Bon désolée de mon retard, la rentrée est très fatigante avec la grève des transports u_u. En plus, c'est sensé se passer après la rencontre Mao avec Buck et c'est dur pour moi d'imaginer son état d'esprit alors qu'on a pas fini d'écrire ce passage, j'ignore comment ça va se passer... Surtout que... Enfin bon, tu verras bien.]

"Mao! Ca faisait longtemps qu'on t'avait pas vu dans les parages! Tu viens chercher l'inspiration, mon chou?"
C'était une des "girls" du Cherry Cherry qui s'adressait à lui. Il tourna un regard morne vers sa chair luxuriante, comprimée par une tenue de cuir à lanières qui couvrait une parcelle ridiculement petite de son corps. Il se composa un sourire de circonstance, tout en cherchant à mettre un nom sur cette femme plantureuse, sans succès.
Normalement, on payait seulement pour le spectacle, mais un supplément permettait de passer en coulisses... Il avait ses habitudes ici lorsqu'il habitait encore le quartier et qu'il avait de quoi se le permettre. Il avait probablement couché avec cette fille, et pourtant il n'en gardait aucun souvenir.

"Pas ce soir beauté, je suis fauché..."
Il avait tout juste eu de quoi se payer l'entrée et la consommation nécessaire pour gagner le droit de jouir de la représentation.
La danseuse eut une moue boudeuse accompagnée d'un déhanché langoureux. Mao avait un certain succès auprès de la gent féminine des trottoirs, moins pour ses performances que pour sa maîtrise des mots et de la flatterie. Ce n'était pas souvent qu'on s'adressait aux prostituées comme à des dames, et il en connaissait même quelques unes qui lui faisaient des réductions en échange de récitations ou de leçons pour apprendre à lire et écrire...

Elle haussa les épaules et, sans prévenir, se pencha sur lui, ses lèvres pulpeuses effleurant celles de l'asiatique. Il sentit sa langue caresser leur commissure, mais le temps qu'il ait le réflexe de les entrouvrir, elle s'était déjà retirée. Elle s'écarta avec un clin d'œil.

"Celui-ci était gratuit... Je te laisse, ça va bientôt commencer!"

Il passa le doigt sur ses lèvres, là où la salive avait laissé une légère humidité. Il n'avait rien ressenti, rien ressenti du tout. Il avait l'impression de flotter dans une brume sans saveur, une atmosphère lourde et étouffante. Il était vide au dedans, complètement vide, et il fallait exprimer sur son visage des émotions, parler et rire comme si de rien n'était, jouer au vivant, ignorer ce néant qui le torturait de l'intérieur... Le spectacle devait continuer.

Il écarta le doigt de sa bouche et nota distraitement la présence de marques de morsures sur la phalange. Il n'avait même pas mal. Il ne ressentait rien.

La revue débuta. Les filles apparurent, couvertes de fanfreluches colorées qui volaient au rythme de leur danse, dévoilant des bas noirs moulant mollets et cuisses. L'Ecrivain se concentra sur une jambe et tenta de trouver les apparitions périodiques de cette chair appétissantes. Bientôt les jupes tombèrent, comme les pétales de fleurs prétentieuses. Elles fanent, songeait Mao, elles se flétrissent et la mort les rattrape...
Décidément, son humeur n'était guère propice au plaisir. Il avait payé pourtant, au dessus de ses moyens, il fallait bien qu'il en profite! Il était venu ici dans l'espoir de sortir de son apathie et d'éveiller ses sens. Les nus peu à peu révélés devaient inspirer des fantasmes aux autres hommes présents, à en juger par les soupirs qui s'élevaient autour de lui. Il aimait cet endroit, lui aussi, avant. Il glissa une main dans son pantalon et s'efforça d'imaginer toucher, baiser, seins, fesses, courbes et plénitudes de corps féminins offerts à lui...
Mais seul la nausée répondit à ses stimulations, le dégoût, et des images qu'il ne voulait pas voir. Il ferma les yeux et tenta de penser à autre chose, à son article par exemple...